REDBULL.COM | Jun 29,2018 | FR

Le producteur grenoblois nous livre les secrets de son home-studio

Michel Amato est de ceux-là. Sous le pseudonyme The Hacker, le producteur grenoblois a contribué à la fin des années 1990 à creuser, avec l’electroclash, une brèche de plus dans l’immense étendue du spectre des musiques électroniques. Empruntant avec sa complice Miss Kittin au micro, aussi bien à l’electro des années 1980 qu’à la techno des années 1990, le duo a offert au genre quelques-uns de ses grands classiques, comme le morceau
« Frank Sinatra » aux accents charnels ou l’anthologique « 1982 ».

Alors qu’il renoue aujourd’hui avec ses premières amours pour la new wave, la techno et l’EBM, le producteur nous reçoit chez lui, dans sa ville de natale de Grenoble où il vit toujours, pour nous parler de son premier synthé acheté chez Cash Converters, de son approche dépouillée et intuitive de la production, et, surtout, de ces rimshots et hi-hat de 808 dont il ne finit pas de se lasser.

J’ai toujours bossé depuis chez moi.
Je préfère, ça me permet de m’y mettre quand je veux. Je n’ai pas envie d’aller en studio comme on irait au bureau ou à l’usine, certains de mes amis le font, me disent que c’est mieux, que ça te force à travailler, mais ce n’est pas mon truc.
Et puis j’aime bien savoir que mon matos se trouve à côté de moi, je suis un peu parano.

Généralement, je rentre le dimanche soir de tournée, le lundi je suis fatigué, je ne fais pas grand chose ce jour-là. Le reste de la semaine, je commence sur les coups de 10 heures et demie, je fais une pause dej’, je travaille jusque 18 heures. Ce sont des horaires de bureau au final. [rires] Avant, cela m’arrivait de travailler la nuit mais j’ai arrêté. Cela ne servait à pas grand chose, je suis plus créatif et alerte le matin.

Depuis quelques années, je suis arrivé à une configuration assez fixe, qui me permet de travailler vite. J’utilise Ableton Live comme séquenceur, autour j’ai une TR-808, un System 100, un MS-20, un Jupiter 6, un Retrowave qui est une sorte de SH-101 en plus costaud, et un Korg Monopoly.

J’utilise aussi certains plugs quand je veux faire des nappes ou des choses plus musicales.Ce sont des machines que je connais bien et qui sonnent chacune dans leur style avec un son qui me plait vraiment. Au fil des ans, j’ai eu le temps d’essayer d’autres synthés que j’ai revendus depuis.

Je n’ai gardé que les machines pour lesquelles j’ai eu un coup de cœur : en les branchant pour la première fois, j’ai su tout de suite que c’était le son que je recherchais.

Quand je n’ai pas d’idées, je recherche des sons, que j’enregistre. Souvent à partir d’un son, on peut développer des idées de morceau. Je procède à tâtons. Autrement si j’ai quelque chose de précis en tête, j’essaye de la reproduire directement.

Aujourd’hui avec le matériel à disposition, les possibilités sont infinies, si bien qu’un morceau n’est jamais réellement fini, il est toujours possible changer un truc derrière. Généralement, si je mets plus d’une semaine à faire un morceau, c’est qu’il y a quelque chose qui ne va pas.

Mes morceaux qui ont le plus marché et que je préfère, ne m’ont pris que quelques heures à réaliser. Plus c’est simple et dépouillé, mieux c’est. Le danger, c’est de se perdre dans le méandre infini des plugins. Dopplereffekt m’a dit un jour à ce sujet « tu peux faire un morceau complet avec une seule TR-808, ce qui compte ce sont les idées ». Ça m’a beaucoup marqué, c’est un artiste que j’admire.